De la création de l’Institut de Géologie du Bassin Aquitain à la découverte de gisements pétroliers en passant par une importante contribution à la mise en place du réseau d’eau potable en Aquitaine, le professeur Michel Vigneaux a eu une carrière prolifique. Le scientifique a fêté au mois de juillet son centenaire.
Né en 1921 dans l’Oise, Michel Vigneaux étudie les mathématiques à l’université de Lille avant de venir se réfugier en 1940 en région bordelaise lors de l’occupation de la France par les armées allemandes. C’est à cette occasion qu’il suit une formation en sciences de la vie et de la terre. Sous couvert d’études de terrain il s’engage alors dans la résistance et fait passer un nombre important de documents entre la zone libre et la zone occupée. En 1956 il est nommé professeur de géologie et fonde dans la foulée l’Institut de Géologie du Bassin Aquitain (IGBA). Cet institut oeuvrera au développement de nombreuses thématiques de recherche jusqu’alors peu étudiées à l’Université de Bordeaux telles que l’océanographie, la sédimentologie ou la micro-paléontologie.
En 1948, l’université de Bordeaux est questionnée par la Standard Oil of New Jersey, une compagnie pétrolière qui deviendra Esso, sur le potentiel pétrolifère de la région. Le professeur Vigneaux est désigné pour apporter son expertise et accompagner la société lors de ses prospections. Le territoire aquitain était alors sous les feux des projecteurs car les experts soupçonnaient la présence de pétrole dans son sous-sol, le massif pyrénéen concentrant l’essentiel de l’attention. A la surprise générale, c’est au centre de l’Aquitaine, à Parentis dans les Landes, que la société trouva avec l’aide du professeur un gisement de pétrole particulièrement prolifique et encore exploité de nos jours.
En parallèle de ces contributions, il travaille également avec d’autres géologues à la recherche de nappes d’eau souterraines. Une période de canicule ayant provoqué de nombreux incendies dans les Landes entre 1949 et 1951, fut l’élément déclencheur de prospections qui avaient pour double intérêt de pouvoir protéger la forêt et d’apporter l’eau potable à la population. Il faut en effet rappeler qu’en 1950 seuls 30 % des communes d’Aquitaine disposaient d’une adduction d’eau potable. Dans les années 60 le professeur Vigneaux présente à Jacques Chaban-Delmas, alors maire de Bordeaux, un rapport insistant sur la nécessité d’effectuer des forages pour pouvoir alimenter la ville. La proposition fut acceptée et permit de répondre amplement aux besoins en eau de l’agglomération.
Le professeur Vigneaux apporta par ailleurs, avec l’IGBA, une importante contribution à toutes les opérations de génie civil de la ville de Bordeaux en travaillant notamment sur le positionnement du Pont suspendu d’Aquitaine. L’ancrage de cet ouvrage dans le sol argileux aquitain incarnait un réel défi technique et scientifique qu’il participa à solutionner. Il eut aussi l’occasion de s’impliquer, entre autre, dans la construction du complexe de Mériadeck ou encore dans l’aménagement du quartier Bordeaux-Lac.
Après une carrière que vous avez pu constater très prolifique, Michel Vigneaux prit sa retraite universitaire en 1990. Résidant désormais à Gradignan, le professeur est un membre éminent de l’Académie des Sciences et reste impliqué dans de nombreux projets scientifiques autour des sciences de la Terre et de la Mer.